En 1962, le livre “Printemps silencieux” de Rachel Carson ouvre les yeux de l’Amérique sur les dangers des pesticides et sur la place de l’homme dans l’écosystème. Plongée dans la genèse d’un texte poétique et puissant, qui inspira la pensée écologiste moderne.
Au début des années 1960, alors que les mouvements politiques contestataires commencent à bouillonner aux États-Unis, une scientifique, Rachel Carson (1907-1964), alerte le pays sur les dangers d’une industrie chimique toute-puissante. Dans Printemps silencieux, cette biologiste marine, déjà réputée pour ses ouvrages de vulgarisation sur le monde du silence et la pollution environnementale, décrit les dégâts des pesticides agricoles – en premier lieu le redoutable DDT, alors en vente libre – sur les populations d’oiseaux, mais aussi, par ricochet, sur l’espèce humaine. “C’est un livre sur la guerre de l’homme contre la nature ; et comme l’homme fait partie de la nature, c’est fatalement aussi un livre sur la guerre de l’homme contre lui-même”, écrit-elle, dénonçant l’idée arrogante et immature d’une nature dominée grâce aux progrès techniques. Jamais l’importance cruciale de la protection de l’environnement pour la survie humaine n’avait été présentée aussi clairement au grand public. Best-seller de l’année 1962, Printemps silencieux contribuera à convaincre le président Kennedy d’interdire le DDT, puis inspirera la création de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Tout en semant dans bien des têtes les graines de l’écologie…
Lanceuse d’alerte
Volontaire, charismatique et courageuse, Rachel Carson apparaît comme l’une des grandes lanceuses d’alerte de son temps et comme la “mère” de l’écologie moderne. Si elle a su à ce point toucher le public, c’est aussi grâce à l’élégance de son écriture, poétique et généreuse, reflétant sa vision holistique de notre place au sein du monde vivant et son constant émerveillement face à sa beauté. Dans ce documentaire retraçant la genèse d’un ouvrage aujourd’hui encore considéré comme une référence théorique, Tamara Erde fait longuement entendre la voix de cette éveilleuse de consciences. La réalisatrice entremêle des extraits des livres et lettres de Rachel Carson, lus par Sandrine Bonnaire, et des témoignages d’intervenants entrant en résonance avec son travail : Irène Frachon, qui a mis en lumière les dangers du Mediator, l’auteur italien Paolo Cognetti, ou encore Martha Freeman, qui consacra un livre (Always, Rachel) à la correspondance intime qu’entretint la pionnière de l’écologie avec sa grand-mère Dorothy.